Revenu universel : les bases du plaidoyer

Même modeste, un revenu versé à tous sans contrepartie serait un formidable outil de liberté et d’égalisation des chances. Il permettrait de lutter contre le chômage sans accroître la pauvreté, favoriserait les emplois de qualité et l’indépendance des femmes et mettrait un frein au productivisme destructeur de l’environnement.

 


© Bruno Charoy / Pasco

Bientôt, le droit de chacun à un revenu nous semblera encore plus naturel que le droit de chacun à voter, prédit l'économiste et philosophe belge Philippe Van Parijs.

À l’orée du nouveau millénaire, je verse au débat une proposition visant à améliorer le sort du genre humain : ­l’attribution à chaque individu d’un ­revenu de base universel (RU) suffisant pour assurer le minimum vital. Dans un monde où un enfant de moins de 5 ans meurt de malnutrition toutes les deux secondes et où près d’un tiers de la population mondiale vit dans l’« extrême pauvreté », l’adoption de cette proposition à l’échelle de la planète peut sembler follement utopique (1). Certains lecteurs jugeront le projet irréalisable, y compris dans les plus riches des pays de l’OCDE. Et pourtant, dans ces pays, la productivité, la richesse et le revenu national ont atteint un niveau suffisant pour rendre possible un RU de niveau acceptable. Une fois instauré, ce revenu deviendrait un puissant instrument de justice sociale : en fournissant à chacun les ressources ­matérielles dont il a besoin pour atteindre ses objectifs, il accroîtrait la liberté réelle de tous. Dans le même temps, il aiderait à résoudre les dilemmes politiques que posent la pauvreté et le chômage, tout en servant la cause de l’écologie et du ­féminisme. ...
LE LIVRE
LE LIVRE

Real Freedom for All. What (if anything) can justify capitalism? de Philippe Van Parijs, Oxford University Press, 1995

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