Les deux sœurs

Alevtina et Ludmila passent chaque été dans la maison de leur enfance, au nord de Saint-Pétersbourg. Le spectacle de leur routine monacale est étonnamment enchanteur, entre conte de fées et livre de méditation.


Nadia Sablin
Chaque année, Alevtina et Ludmila guettent plus que d’autres encore, sans doute, l’arrivée du printemps. Car les premiers perce-neige et autres crocus sont pour elles bien davantage que l’annonce d'une existence moins rude aux beaux jours : ils augurent du retour à Alekhovshchina, pour leur transhumance annuelle dans la vieille maison familiale. Et quelle maison ! Accrochée à une colline au-dessus d'un village situé à quatre heures de route au nord de Saint-Pétersbourg, au milieu des bois, elle tient à la fois de l’archive et du refuge. Construite par Alexeï Sablin, leur père, la cabane apparaît comme un mémorial à la vie d’une famille russe au XXe siècle. Salement blessé au début de la guerre – il y a laissé un œil, l’essentiel de l’ouïe et l’usage d’une de ses mains –, Alexeï a décidé d’installer là son petit monde en 1952, quand il a commencé à perdre la vue de son œil restant. La photographe Nadia Sablin est sa petite-fille. Elle raconte : « Il trouva une colline inoccupée à Alekhovshchina, près de ses frères et sœurs et de ses cousins. Il démonta sa maison, rondin par ...
LE LIVRE
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Taties. Les sept étés d’Alevtina et Ludmila de Nadia Sablin, Center for Documentary Studies/Duke University Press, 2015

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