Les Mystères de Paris, le plus grand best-seller français

Vingt ans avant Hugo et ses Misérables, Eugène Sue fait entrer le peuple en littérature. Publiés en feuilleton, Les Mystères de Paris sont déclamés à voix haute dans les cafés et dans les ateliers. Pour les lire, les diplomates arrivent en retard aux réunions. Ils permettent la naissance de la presse à grand tirage et inventent une forme de roman collaboratif bien avant Internet.


©Rue des Archives

Rodolphe, le Chourineur et la Chouette, quelques-uns des héros des Mystères de Paris (1842-1843). Eugène Sue met en scène une fabuleuse troupe de personnages, du plus vil au plus vertueux.

Le 19 juin 1842, les abonnés au placide Journal des débats ­découvrent la première livraison du feuilleton Les Mystères de Paris, d’Eugène Sue, en « rez-de-chaussée » (le bas de la page) de la une du quotidien. L’histoire se déploiera au fil des mois en 150 épisodes palpitants, pour ne se clore que le 15 octobre 1843. Il s’agira clairement du best-seller le plus phénoménal du XIXe siècle en France, et peut-être même du plus grand best-seller de tous les temps. Difficile d’estimer le nombre de lecteurs des Mystères de Paris, puisque chaque épisode était lu à haute voix, dans les cafés des villages de tout le pays, dans les ateliers, dans les bureaux. Les diplomates arrivaient en retard aux réunions et les comtesses au bal parce qu’il leur fallait être au fait du dernier épisode. Le phénomène, d’ampleur ­véritablement nationale, exerça la même fascination que le font aujourd’hui les grands procès, mais une fascination savamment entretenue d’une livraison à l’autre, à la manière de nos séries t­élé­visé...
LE LIVRE
LE LIVRE

Les Mystères de Paris de Eugène Sue, Gallimard, 2009

SUR LE MÊME THÈME

Littérature Bambi, l’improbable succès d’une histoire glauque
Littérature « Mon métier, c’est la critique »
Littérature L’origine du monde, revue et décolonisée

Aussi dans
ce numéro de Books