« L’essentiel, c’est de râler ! »

Dénoncer les clichés sur la France et les Français est un sport anglo-saxon, récompensé par de bonnes ventes. Mais l’exercice a ses limites.

 

Toujours intéressant, de pouvoir se contempler à travers les yeux d’autrui. Surtout quand autrui est un couple de journalistes – et anthropologues autoproclamés – canadiens. Leur spécialité : la France et les Français, auxquels ils ont déjà consacré pas moins de quatre livres à eux deux (dont Pas si fous, ces Français !, Seuil, 2005). À la lecture de leur longue étude, on découvre que « Bonjour » est un « acte de soumission », obligatoire dès que l’on fait irruption sur le territoire d’autrui, qu’il s’agisse d’un magasin ou d’un ascenseur. Ou encore que la conversation à la française a pour but « d’appor­ter la démonstration que l’on est quelqu’un d’intéressant ». Ou enfin, que les expressions « phatiques » comme « Oh là là ! », « Bon appétit », et, oui, « Bonjour » ne servent qu’au contact interpersonnel, pas à la communication. Certaines observations, inattendues, font mouche : nos repas seraient hautement « ritualisés » (« afin de donner aux convives suffisamment de temps pour parler ») ; nous nous méfierions des couples qui affichent une trop grande harmonie, et considérerions qu’une petite dispute conjugale en ­public est signe « d’une relation tonique » ; nous survaloriserions la « ...
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L’effet bonjour : les codes secrets de la conversation française de Julie Barlow et J-B. Nadeau, Duckworth Overlook, 2016

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