L’illusion du spectacle

Guy Debord instruit Vargas Llosa, éclaire Mein Kampf et se penche sur Wikipédia, Daech, l’Indonésie et le Vatican.

Le titre du livre de Vargas Llosa consacré au déclin de la culture, La civilización del espectáculo, est un démarquage de La Société du spectacle de Guy Debord. Comme le situationniste français, Llosa a été un marxiste romantique dans sa jeunesse. Né en 1936, il avait plus de 30 ans quand parut le manifeste de Debord. Il avait déjà publié deux romans et vécu à Paris. Admirateur du régime cubain, il semble n’avoir modifié son point de vue qu’après l’arrestation du poète Heberto Padilla sur décision de Castro, en 1971. Dix ans plus tard, prenant le contre-pied de García Márquez, resté fidèle au castrisme, il se ralliait au libéralisme. Que le Llosa libéral se serve de Debord pour étayer sa philippique sur la culture semble paradoxal, mais se comprend si l’on relit La Société du spectacle. Ce pamphlet fortement imprégné de l’héritage marxiste, souvent grandiloquent et très daté, contient aussi des intuitions fulgurantes sur l’évolution de la société de consommation et son impact sur les esprits. Le monde se transforme ...
LE LIVRE
LE LIVRE

La civilisation du spectacle de Mario Vargas Llosa, Galimard, 2015

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