L’improbable « autonomie » des épouses salafistes
La jeune femme est une salafiste convaincue, voilée de la tête aux pieds. « Pour les choses importantes, elle obéit à son époux et aux autres membres masculins de sa famille. Elle ne quitte sa maison que pour amener ses enfants à l’école », rapporte la philosophe Eva Weber-Guskar dans Die Zeit avant de poser la question fatidique : cette personne, est-elle autonome ? Selon sa consœur Beate Rössler la réponse est oui. Ou, du moins, c’est possible. La condition : il faut que la jeune salafiste « suive les préceptes de sa religion comme un projet qui lui est propre et qu’elle a mûrement réfléchi » ou alors qu’il reste des domaines (la gestion du foyer par exemple) où elle garde une marge de manœuvre.
Rössler vient de consacrer tout un ouvrage au problème de l’autonomie et cet exemple est l’un des cas limites qu’elle y développe. Son idée : proposer une « théorie non idéale » de l’autonomie. « Ce faisant, elle s’oppose aux conceptions particulièrement exigeantes en la matière, qui lient conceptuellement l’autonomie à certaines valeurs comme l’égalité, qui ne connaissent que le tout ou rien et aucune gradation, qui réclament toujours l’absence de toute ambiguïté », commente Weber-Guskar.
A lire aussi: Les racines de l’islamisme, Books, octobre 2013.