Publié dans le magazine Books n° 73, février 2016. Par Richard Herzinger.
Après la Seconde Guerre mondiale, tout rapprochement entre la jeune RFA et le nouvel État d’Israël semblait exclu. Pourtant, le « miracle » a bel et bien eu lieu dès 1952. Grâce à la stature morale d’Adenauer et à la prise en compte, par chaque nation, de son intérêt bien compris. Mais cet événement n’aurait pu se produire sans l’étonnante mise en scène d’une distance quasi sacrée entre les deux peuples.
On a fété, en mai 2015, le cinquantenaire du début des relations diplomatiques entre Israël et la République fédérale allemande. Des deux côtés, les communiqués officiels ont expliqué à quel point les liens entre les deux pays, au départ entravés par de si lourdes réserves, s’étaient depuis formidablement développés.
Et, de fait, mis à part quelques frictions à propos du conflit israélo-palestinien ou de l’Iran, les relations entre les deux pays sont aujourd’hui très étroites. Que ce soit dans le domaine économique, scientifique ou culturel, les partenariats fleurissent et n’ont jamais été remis en cause. La récente montée de l’hostilité à Israël dans la société allemande n’y a pour l’heure rien changé. (1)
« Miracle » : la tentation est grande d’utiliser le terme pour traduire l’étonnement qu’inspire un tel accomplissement, après le plus épouvantable des crimes de l’histoire humaine. Mais ce serait refuser de voir que la présence indélébile du passé ne pèse pas seulement comme un fardeau pour la relation entre l’Allemagne et Israël ; elle représente aussi, d’...