Publié dans le magazine Books n° 85, septembre / octobre 2017.
Pourquoi les Allemands se sont-ils acharnés à poursuivre jusqu’en 1945 une guerre perdue d’avance ? Un historien tente de percer le mystère.
Le grand mystère de la Seconde Guerre mondiale, ce n’est pas la cause de la défaite de l’Allemagne. Dès 1941, au vu du rapport de forces, il était évident qu’elle ne pouvait pas l’emporter. La véritable énigme, c’est le jusqu’au-boutisme délirant de ce pays. Pourquoi l’Allemagne a-t-elle mis si longtemps à accepter l’inévitable ? Comme le rappelle l’historien Nicholas Stargardt dans
La Guerre allemande, « les Japonais eux-mêmes n’ont pas combattu jusqu’aux portes du Palais impérial comme l’ont fait les Allemands pour la chancellerie du Reich à Berlin. » Les vrais kamikazes ne furent pas ceux qu’on croit…
L’ouvrage de Stargardt est un essai d’histoire subjective. Il s’appuie sur des lettres et des journaux intimes, certains de personnalités comme Victor Klemperer, d’autres – la plupart – d’anonymes. « Il montre que ce fut l’identification avec les combattants qui a galvanisé la population allemande », note Adam Tooze dans
The New York Times. L’appareil répressif nazi joua un rôle, mais pas aussi décisif qu’on a pu le prétendre. Le IIIe Reich n’eut ...