El Alto, nouvelle frontière de l’architecture

Drôle d’endroit pour une révolution ! Ici et là, au beau milieu des rues poussiéreuses d’El Alto, morne ville-champignon des environs de La Paz, surgit la vision stupéfiante d’une façade flambant neuve au décor tape-à-l’œil, aux couleurs criardes, aux formes improbables : l’un de ces palais délirants que se construit, pour afficher son opulence et sa fantaisie, la nouvelle bourgeoisie bolivienne. Kitsch de parvenus ou réinvention des traditions populaires indiennes ?

Ce qui attire d’abord le regard quand on survole la ville bolivienne d’El Alto, dans la banlieue ouest de La Paz, avant d’atterrir à l’aéroport international, ce sont les soixante et quelques clochers qu’a fait construire le prêtre allemand Sebastián Obermaier au cours des trente dernières années. Il s’agit d’édifices un peu étranges – qui ont valu à Obermaier le surnom de Sebastián « Torres » (« les tours », en espagnol) –, interprétations arbitraires des styles germanique et byzantin, avec des emprunts au baroque métis et un zeste de cosmogonie andine. Pour les habitants d’El Alto, leur utilité est claire : ce sont des sortes de gratte-ciel qui permettent de s’orienter dans une ville aux maisons basses. Beaucoup ont des allures de minaret ancien et se sont en peu de temps intégrés au paysage. Se promener dans El Alto, c’est découvrir une agglomération inhospitalière, âpre et poussiéreuse. Avec des rues mal pavées où prolifèrent les auvents de toile bleue des petits commerces anarchiques, les ateliers de mécanique et les restaurants improvisés. De larges avenues qui se perdent à l’infini. Des ...
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L’architecture andine de Bolivie par Freddy Mamani Silvestre de El Alto, nouvelle frontière de l’architecture, La Paz

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