L’ivresse ? Humain, trop humain
« Aux alentours de 9000 avant J-C, nous avons inventé l’agriculture pour pouvoir nous soûler régulièrement », nous apprend Mark Forsyth dans A short history of drunkenness. Cet auteur britannique, connu pour ses ouvrages consacrés à l’étymologie, s’intéresse dans son dernier livre à l’histoire de l’ivresse à travers les âges et les civilisations, du néolithique jusqu’à la prohibition.
Selon Mark Forsyth, les Grecs méprisaient les buveurs de bière et préféraient le vin, tandis que les Russes étaient tellement attachés à la vodka, que la décision du tsar Nicolas II de l’interdire entre 1914 et 1917 précipita sa chute.
Le cœur de la théorie de Forsyth, c’est que « l’ivresse n’a pas été poursuivie par l’humanité seulement pour le plaisir ou l’évasion, mais aussi dans une authentique visée spirituelle », analyse Christopher Hart dans The Sunday Times. A l’image des Egyptiens, qui célébraient la déesse de la fertilité Hathor lors d’un festival de l’ivresse, où la boisson était censée rapprocher les convives de la divinité. D’autres, comme le philosophe William James, voyaient dans l’alcool un moyen d’élargir leur conscience mystique. Quant à Benjamin Franklin, pour lui ça ne fait aucun doute, l’existence du vin est « la preuve que Dieu nous aime, et qu’Il aime nous voir heureux ».
A lire aussi dans Books: L’alcool a fait l’Amérique, février 2016.