La loi n’a pas aboli le travail des enfants
Publié le 30 novembre 2016. Par La rédaction de Books.
Amnesty International dénonce, dans un rapport publié ce mercredi, le travail d’enfants indonésiens dans des plantations d’huile de palme fournissant de grandes multinationales. Bien que le travail des enfants soit interdit en Indonésie, nombre d’entre eux vont chaque jour à l’usine et dans les champs. Dans les pays développés, ce n’est pas son interdiction qui a éradiqué l’emploi des mineurs, assure l’économiste Clark Nardinelli. Dans Child Labor and the Industrial Revolution, il relève que les petits Britanniques n’ont pas arrêté de travailler après l’adoption en 1833 de plusieurs lois contre l’emploi des enfants dans l’industrie. Selon Nardinelli, ces lois ont bien eu un impact à court terme. Les enfants sont allés travailler ailleurs qu’à l’usine. A long terme, ce qui a contribué à l’éradication du travail des mineurs, ce sont des changements technologiques accroissant la productivité et l’augmentation des revenus des adultes. Il n’y avait plus ni demande ni offre pour la main d’œuvre infantile.
Car selon Nardinelli, la grande majorité des enfants ne travaillent pas parce que leurs parents les exploitent. Les autobiographies de l’époque montrent que les parents ne sont pas des exploiteurs et que les enfants ne les considèrent pas de cette manière. Ceux-ci sont même fiers de participer au bien-être de leur famille. Dans une perspective économique, envoyer les plus jeunes à l’usine relève d’une décision rationnelle. De nombreuses études sur l’Angleterre du XIXe siècle montrent que les salaires apportés par les enfants étaient nécessaires pour maintenir les familles au-dessus du seuil de pauvreté. La révolution industrielle n’a pas favorisé le travail des plus jeunes, soutient Nardinelli. Elle a changé la nature de leur emploi. De la domesticité et de l’agriculture, ils sont passés à l’industrie. L’usine était plus rémunératrice pour l’enfant et sa famille. Quand le changement technologique a accru la demande en travail qualifié et que les salaires des adultes ont augmenté, les calculs des familles ont changé. L’éducation est progressivement devenue un investissement de long terme préférable à un revenu supplémentaire immédiat.