L’ombre intérieure et l’ombre extérieure

Le dernier volume de la correspondance de Samuel Beckett révèle un homme attentif à tirer parti des « possibilités améliorées » de l’âge et soucieux de venir en aide à ses amis dans le besoin.

 

«Trouver un trou convenable et s’allonger pour toujours, seule ambition », écrit Beckett à son amie Barbara Bray. Il en avait trouvé, un « trou, dans la boue de la Marne ». Où il passa de beaux jours, tout de même. Dans sa maison de campagne à Ussy, où naquirent plusieurs de ses chefs-d’œuvre, il écoutait les sonates de Haydn, voyait des amis proches, jouait aux échecs. Il se rendait ­volontiers à Madère ou dans l’Algarve, ainsi qu’au Maroc et en Tunisie – où le surprit l’annonce de son prix Nobel, en 1969. Sa familiarité avec le Maghreb était telle qu’il se mit à dater ses lettres dans la calendrier de l’Hégire, rapporte David Wheatley dans le Times Literary Supplement. Le quatrième et dernier volume de sa correspondance, allant de 1966 à sa mort, en 1989, est paru aux États-Unis. Ce n’est en réalité qu’une sélection, un peu plus d’un dixième sur un total de 9 000 lettres. On y trouve beaucoup de propos désabusés, conformes à l’esprit de son œuvre, du genre de ce remerciement adressé en français à Cioran, qui lui avait envoyé son Mauvais Démiurge : « Dans vos ruines je ...
LE LIVRE
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The Letters of Samuel Beckett: volume IV, 1966-1989 de Samuel Beckett, éditées par George Craig et al., Cambridge University Press, 2017

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