Publié dans le magazine Books n° 80, novembre - décembre 2016. Par Jean-Louis de Montesquiou.
Contre la guerre qui s’éternise, Lysistrata convainc les femmes d’Athènes de faire la grève du sexe, tout en aguichant les mâles. Deux millénaires et demi plus tard, le texte d’Aristophane garde une étonnante fraîcheur.
Guerre et sexe font mauvais ménage. Dans le pire des cas, le viol constitue une arme de guerre ou de représailles (Darfour), voire une prime compensant une solde insuffisante (Soudan du Sud). Mais le théâtre grec classique montre que le sexe peut être aussi le sujet d’une bataille pacifique et même pacificatrice. Aristophane le raconte dans
Lysistrata, avec une bonne dose d’humour et de friponnerie.
L’affaire se passe en 411 av. J.-C. à Athènes, alors que s’éternise la guerre contre Sparte, qui d’ailleurs prend mauvaise tournure. Les femmes d’Athènes en ont plus qu’assez, tout comme leurs homologues de Béotie et même de Sparte. Lysistrata (« Celle qui vainc les armées ») leur propose donc un stratagème : grève multilatérale du sexe tant que dureront les hostilités – une grève agrémentée qui plus est de quelques ruses. Les femmes doivent d’abord tout employer pour attiser le désir des hommes : tuniques ultracourtes, parfums sexy et un « triangle bien épilé ». Et en cas de sexe forcé, elles refuseront leur participation active (« car il n’y a jamais de véritable volupté ...