Le mont du Temple à l’ère païenne
Publié le 25 juillet 2017. Par La rédaction de Books.
Israël a retiré les détecteurs de métaux, dont l’installation aux entrées de l’esplanade des Mosquées à Jérusalem avait provoqué de sanglants affrontements. Ce site, troisième lieu saint de l’islam et lieu le plus sacré pour les juifs est régulièrement au cœur des tensions entre Israéliens et Palestiniens.
Au début de notre ère, il n’appartenait pourtant ni à l’un ni à l’autre. L’empereur romain Hadrien, alors maître de Jérusalem, souhaitait transformer la ville en cité païenne, comme le rappelle l’archéologue Caroline Arnould-Béhar dans Jérusalem antique et médiévale.
Hadrien aurait fondé la colonie lors de son séjour en Judée en 130 après Jésus-Christ et incité des vétérans à s’y installer. Il la nomma Aelia Capitolina. Aelia en référence au nom de sa famille ; Capitolina en l’honneur des dieux de la triade capitoline : Jupiter, Junon et Minerve.
Les limites de la colonie et l’ampleur des modifications qu’elle a fait subir à la ville sont un objet de débat pour les archéologues. Selon Caroline Arnould-Béhar, le mont du Temple faisait probablement partie d’Aelia Capitolina. Elle précise que la faiblesse des traces archéologiques ne prouve pas l’abandon du site. Si aucun aménagement ou réparation sur le mont du Temple ne semble appartenir à cette époque, c’est aussi parce que les techniques alors employées ne sont en rien remarquables. Il se peut très bien que certaines assises du mur de soutènement de l’esplanade datent de cette période. Par ailleurs, sur l’esplanade ou dans les mosquées se trouvent plusieurs chapiteaux d’époque romaine. Et surtout le quartier en contrebas du mont du Temple a clairement été habité à l’époque. Dix pour cent des monnaies de la colonie ont ainsi été retrouvées dans ce secteur. Une telle présence semble à elle seule accréditer la probable occupation de l’esplanade située juste au-dessus, ne serait-ce que pour des raisons défensives, avance Caroline Arnould-Béhar. Selon d’autres historiens, le lieu sacré aurait même été recyclé avec la construction d’un temple dédié à Jupiter.
A lire aussi : Chateaubriand sur l’esplanade des Mosquées, Booksletter, juin 2015.