Noir de Chine
Publié dans le magazine Books n° 41, mars 2013.
Ah Ding n’est pas le premier écrivain à renvoyer une image très sombre de la société chinoise actuelle. Mais son roman a ceci de particulier qu’il s’extrait d’une forme de fatalisme commune à la plupart de ses contemporains, et laisse affleurer sa révolte face aux injustices. Le personnage principal d’« Un chien sans queue », un paysan pauvre du Hubei, évolue dans un « monde gangrené par les trahisons, le mensonge, les tromperies, la haine, la jalousie, les répressions, la vengeance et la délation », lit-on dans le quotidien Beifang Bao. À travers lui, Ah Ding entend dénoncer les méfaits de l’individualisme en Chine. Il explique ainsi le titre de son livre : « Un chien sans queue est comme un homme privé des outils nécessaires à sa survie : le langage, les repères sociaux, la capacité à se mouvoir. Sans eux, il est complètement déboussolé. » Ancien anesthésiste devenu journaliste, puis écrivain, l’...