À contre-courant
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Il n’y aura pas de plan Marshall bis


Portrait

Merkel propose un « plan Marshall » pour l’Afrique, Marseille réclame un « plan Marshall » contre les rats, Emmanuel Macron en a promis un pour l’écologie, tandis que Nicolas Sarkozy en son temps en souhaitait un pour les banlieues et un autre pour la ruralité. Le plan Marshall, dont on célèbre le soixante-dixième anniversaire cette semaine, est devenu une sorte de formule magique. Un problème insurmontable ? Hommes politiques et institutions proposent un « plan Marshall ». Mais jusqu’à présent force est de constater que seul l’original semble avoir été efficace.

Et encore. Les historiens débattent toujours de l’impact réel de cette vaste entreprise de soutien financier à l’Europe d’après-guerre. Beaucoup pensent que l’intervention américaine a été surestimée et que les bénéficiaires se seraient relevés sans son aide. Pour d’autres, ces 13 milliards de dollars (au moins 100 milliards de dollars actuels) ont été cruciaux pour la reconstruction, le développement de l’Europe et la lutte contre le communisme.

Greg Behrman, ancien officiel du département d’Etat américain, est de cet avis. Mais dans The Most Noble Adventure, il souligne l’improbabilité de réitérer une telle réussite. En 1947, toutes les conditions étaient réunies pour qu’un tel plan d’aide fonctionne. L’Europe disposait d’institutions solides, d’administrations compétentes et d’entreprises pleines d’énergie. Même mise à mal par la guerre, elle avait toutes les qualités pour utiliser efficacement cette énorme somme d’argent.

Les seize pays bénéficiaires du plan Marshall n’ont d’ailleurs pas tous été infaillibles dans l’utilisation de ces fonds. La Grande-Bretagne a reçu plus du double du montant accordé à l’Allemagne de l’Ouest. Et elle a obtenu les résultats économiques les plus lamentables d’Europe. La différence entre les deux approches : l’Allemagne a particulièrement bien géré la création du nouveau deutsche mark en 1948, tandis que les tentatives britanniques de dévaluation de la livre sterling pour soutenir l’export sont restées vaines.

LE LIVRE
LE LIVRE

The Most Noble Adventure: The Marshall Plan and the Time When America Helped Save Europe de Greg Behrman, Simon and Schuster, 2007

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