À contre-courant
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Quand la paix n’était pas l’affaire des hommes


Pompeo Batoni, Guerre et Paix

Antonio Guterres, qui a pris ses fonctions de secrétaire général des Nations unies en ce début d’année, a déclaré que la paix était son objectif et son guide. Quoi de plus banal au milieu du chaos syrien, des attentats terroristes, des essais militaires nord-coréens… ?  Mais la paix n’a pas toujours été l’affaire des hommes,  souligne le philosophe Gilles Campagnolo dans sa « Petite histoire sociologique du concept de paix ». Pour les Grecs, elle tenait toute entière au bon vouloir des dieux. Une conception toujours vivace dans l’Occident médiéval chrétien. Alors même que les ambitions des seigneurs en quête de terres ou de principautés ravageaient leur quotidien, les croyants attendaient « la paix véritable » du Paradis. Si Louis VII vise dans une ordonnance la paix pour tout le royaume, si Saint Louis établit les principes d’une paix durable, ce sont les autorités religieuses qui arrivent le plus souvent à imposer l’arrêt des hostilités. Elles font respecter les trêves de Dieu, au moment des jours saints notamment. La premier peut-être,  Saint Augustin élabore l’idée d’une paix pour les cités terrestres. Il en fait une affaire politique dépendant de la faculté de compréhension des hommes. La paix n’est plus à espérer, à contempler ou à rêver, elle est à construire.

Selon l’historien Jean-Pierre Bois, c’est le Congrès d’Arras en 1435 qui concrétise cette conception. Le combat pour la paix passe alors de l’Eglise au roi. Dans La Paix : Histoire politique et militaire, il assure que cette réunion rassemblant autour de Charles VII, le duc de Bourgogne, l’empereur Sigismond de Luxembourg, des représentants d’Angleterre, de Pologne, de Castille et d’Aragon est « la première tentative de l’histoire occidentale de règlement général d’un conflit entre souverains ». Elle donne aussi naissance à une diplomatie d’Etat confiés à des spécialistes.

LE LIVRE
LE LIVRE

La Paix: Histoire politique et militaire de Jean-Pierre Bois, Perrin, 2012

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