Passager de la fin du jour

Tous les week-ends, Pedro, libraire dans une métropole brésilienne, part retrouver sa fiancée dans une banlieue délabrée, à 40 kilomètres de là. Le temps du trajet en bus, son esprit vagabonde. Comme ici, quand il se rappelle le jour du licenciement de Rosane. Extrait d’un livre conçu comme une traversée de la violence sociale brésilienne.

Le médecin avait reçu Rosane, après deux heures d’attente sur un banc. À côté d’elle patientait également une grosse femme d’une soixantaine d’années, l’air gêné, qui étouffait sa toux dans un mouchoir roulé en boule dans sa main. Sous le banc, un chat, allongé sur ses pattes recroquevillées, se léchait avec nonchalance. Blanc, le museau sombre, le chat relevait la tête de temps en temps et ses yeux verts zébrés de noir regardaient Rosane à travers les lattes de bois. Le soleil tombait en oblique sur le feuillage d’un manguier, quelques mètres plus loin, à côté de voitures garées là et d’une ambulance à laquelle manquait une des roues avant, l’essieu posé sur un tréteau. Un arbre jeune qui portait néanmoins des mangues, petites encore mais déjà bien formées à l’extrémité des pédoncules verts. Rosane sentait, devinait que ces pédoncules étaient gorgés de sève, de résine. À travers cette masse de feuilles, presque comprimées les unes contre les autres, on avait la plus grande peine à apercevoir les branches noires du manguier. Certaines ...
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