Philip Larkin l’alchimiste

L’un des plus grands poètes britanniques était un misanthrope érotomane que le sexe ordinaire dégoûtait, tout comme le mariage, les enfants, la modernité, les déjeuners au pub et la bien-pensance. Mais cet amoureux de la campagne anglaise possédait comme personne l’art de transformer en or l’ordure de l’existence.

En mai 1941, en tant que trésorier de l’Oxford University English Club, Philip Larkin a dû emmener dîner George Orwell, à l’issue d’une conférence donnée par ce dernier sur « Littérature et Totalitarisme ». Principal souvenir qu’en ait gardé Larkin : « Nous avions invité Dylan Thomas (1) au Randolph et George Orwell dans un restaurant de seconde catégorie. Je suppose que ce fut mon premier essai de critique littéraire appliquée ! » Stimulé autant qu’intrigué par la rencontre potentielle de ces esprits, Orwell et Larkin, j’ai un jour tenté de comparer ces parfaits exemplaires d’une certaine idée du « caractère anglais ». Les deux hommes avaient un amour inaltérable pour la campagne anglaise, et une peur obsédante de la voir oblitérée par les promoteurs immobiliers (ici je dois citer le poème de Larkin « Départ » et le roman d’Orwell, Un peu d’air frais (2)). Tous les deux méprisaient ouvertement le christianisme, tout en demeurant très respectueux des Écritures et de la liturgie anglicane, comme des chefs-d’œuvre de l’architecture ecclésiastique anglaise (voir le poème de Larkin « Visite d’église à l’...
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Lettres à Monica de Philip Larkin l’alchimiste, Faber & Faber

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