L’homme peut tout faire

Début mars 2012, le Sénat des États-Unis interroge le chef d’état-major interarmées, le général Martin E. Dempsey, pour savoir si une intervention militaire en Syrie serait envisageable. La réponse du général contient cette formule lapidaire, quatre mots seulement dans l’original : « We can do anything (1) » (« Nous sommes capables de tout faire »). Sortie de son contexte, cette phrase pourrait servir à désigner l’une des dimensions essentielles de notre culture. En effet, toutes les civilisations ne partent pas du principe que les hommes peuvent faire tout ce qu’ils veulent. Ce principe surgit au moment où le paganisme commence à céder la place aux religions monothéistes. La différence majeure qu’apportent celles-ci réside en ce que leur dieu, au lieu d’intervenir dans un monde déjà existant pour y remplacer le chaos par l’ordre, ainsi que le faisaient les dieux des païens, crée lui-même le monde à partir de rien. À l’époque des Lumières, on commence à penser le monde sans recourir à l’hypothèse « dieu » et l’on transfère à l’homme les attributs divins. Saint-Just déclare en substance, devant ...

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