Prostitution d’élite
Publié dans le magazine Books n° 59, novembre 2014.
Dans le Paris du XVIIIe siècle, les rapports entre souteneurs fortunés et « demoiselles de haut trottoir » étaient étroitement codifiés. Et surveillés par le pouvoir royal.
Paris, réputé capitale du vice au XVIIIe siècle, n’a pas seulement stimulé l’imagination des auteurs ou lecteurs américains, mais aussi celle des chercheurs. L’historienne Nina Kushner s’est ainsi laissé happer par cette intrigante question : comment, au siècle des Lumières, s’exerçait la lucrative mais exigeante profession de « femme entretenue » ? L’univers parallèle du « demi-monde » (une expression plus tardive, qu’on doit à Dumas fils) méritait d’autant plus d’être exploré de près qu’on dispose à son propos d’excellentes sources d’information : les mémoires de Casanova, Marmontel, Restif de la Bretonne, Tilly, Sade et autres littérateurs débauchés ; et, surtout, les abondants rapports de police du très considéré « département des femmes galantes ».
Pourquoi donc les nombreuses femmes pratiquant à Paris, en 1750, la « prostitution d’élite » mobilisaient-elles l’attention de talentueux agents (...