Putains d’héroïnes

Viles pécheresses ou flamboyantes mondaines, symboles de déchéance ou de libération des corps, femmes d’influence ou misérables catins… Le regard qu’a porté la littérature sur les prostituées en dit long sur l’esprit du temps.


Lautrec, Le salon de la rue des Moulins
Peintes, chantées, filmées, sculptées et, surtout, écrites, les prostituées ont fait l’objet, au fil des siècles, de représentations variées dans les arts. Les uns en ont fait l’incarnation de la décadence morale d’une époque ; les autres ont vu en elles des femmes de pouvoir et d’habiles stratèges ; d’autres, enfin, ont loué leur fonction d’antidote à la frustration. Mondaine ou muse, le personnage de la prostituée s’étend sur un registre qui va de la femme libérée à la vile pécheresse, de l’influente courtisane à l’arriviste et cruelle manipulatrice. La plupart du temps, loin du regard critique de la société, les écrivains ont normalisé, voire sublimé, la prostitution. Depuis la Marie-Madeleine biblique, délivrée par Jésus des sept démons selon l’Évangile de saint Luc, jusqu’à la Delgadina de Mémoire de mes putains tristes, de Gabriel García Márquez [Grasset, 2005], les catins émaillent l’histoire de la littérature. Une présence récurrente que vient rappeler la réédition, en Espagne, du Livre de Monelle, du Français Marcel Schwob. Une histoire ...
LE LIVRE
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Le Livre de Monelle de Marcel Schwob, Allia, 2005

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