Quand la Terre manquera d’hommes

Comme le rappelle Hervé Le Bras, la démographie est jonchée de projections fausses, souvent liées à l’idéologie du moment (ou de leur auteur). Ainsi, les experts de l’ONU prédisaient en 1994 que l’Iran dépasserait les 160 millions d’habitants en 2050. La projection 2010 n’en donne plus que 85 millions. À l’inverse, le grand démographe français Alfred Sauvy estimait en 1930 que la population de la France se situerait en 1980 quelque part entre 29 et 39 millions d’âmes. La réalité : 55 millions. Si l’on distingue entre projections et prédictions, ce n’est guère plus brillant. Un cas d’école est celui de Paul Ehrlich. Dans son ouvrage à succès The Population Bomb, publié en 1968, le professeur de biologie à Stanford prévoyait un cataclysme alimentaire dès les années 1970. Il n’a toujours pas eu lieu, alors que la population du globe a doublé. La plupart d’entre nous continuons de vivre dans l’idée que celle-ci ne va cesser d’augmenter, ou atteindra un équilibre après avoir engrangé encore plusieurs milliards d’hommes. Il y a des raisons de le penser : selon les experts, la population du Nigeria pourrait atteindre 900 millions d’habitants en 2100. Mais les démographes sont de plus en plus nombreux à penser différemment. Car désormais, même dans la majorité des pays en développement, la fécondité est tombée en dessous du seuil de remplacement. Un nouveau consensus se fait jour : la population de la planète se rapproche d’un maximum (d’ici une trentaine d’années), puis diminuera. Du modèle de l’explosion on passe à celui de l’implosion. Pour le pire, pensent certains. Dans ce dossier :

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