Quelle Grande Muraille ?

Non, elle n’est pas visible depuis l’espace. Et, en fait de rempart à perte de vue, ce n’est qu’un réseau de murs discontinus. Si la Grande Muraille existe, c’est dans l’imaginaire des Chinois.

L’artiste cantonais Ou Zhihang se photographie nu, en train de faire des pompes, devant des sites d’intérêt public, souvent politiquement sensibles, comme le Stade national de Pékin ou ce terrain de Shanghai qui a vu s’effondrer un immeuble présentant des défauts de construction. Ses images – celle, surtout, où il est sur la Grande Muraille – ont été très largement diffusées pendant l’été 2008, au moment où les internautes chinois s’emparaient de l’expression « faire des pompes » pour dénoncer la corruption (1). Pour les cybercitoyens, l’insouciance d’Ou Zhihang était irrésistiblement emblématique, qui combinait l’expression subversive en vogue et le symbole suprême du pays, la Grande Muraille. Ce sont ces moments de résonance culturelle entre ce monument et la société qui fascinent le critique et traducteur de littérature chinoise Carlos Rojas. Dans son petit livre The Great Wall. A Cultural History, il tente de creuser l’histoire du mythe et de la signification de la Muraille. Il couvre une très longue période, de la dynastie Qin (vers 200 av. J.-C.) à l’art postmoderne, et montre combien l’idée de la ...
LE LIVRE
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Histoire culturelle de la Grande Muraille de Carlos Rojas, Harvard University Press

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