La leçon

Un milicien témoigne de l’horreur du champ de bataille et du courage aveugle des civils convertis en soldats d’occasion.

Le capitaine Hurtado était notre seul et unique officier de métier à Peguerinos, en 1936. Les milices ne laissaient pas de l’étonner. Il constatait que les vertus civiles donnaient un excellent résultat sur le champ de bataille, ce qui devait contredire les principes de sa science militaire. Il avait beaucoup de respect pour la combativité et le courage des miliciens mais ne comprenait pas politiquement la démocratie, et à ceux qui tentaient de lui parler des libertés du peuple, il répondait, agacé : « Pour les quatre jours qui nous restent à vivre, fichez-moi la paix avec vos bêtises. » Les miliciens riaient et hochaient lentement la tête. Mais les qualités militaires de Hurtado, à la tête d’hommes dont il ne comprenait pas l’idéologie, forçaient la sympathie de tous. « Avec vous, disait-il aux miliciens, on peut aller partout. » Cela les flattait. Ce jour-là, Hurtado fit appeler cinq hommes choisis parmi les plus déterminés. Quatre jeunes et un homme mûr. Celui-ci était typographe. Il y avait ensuite un ingénieur, un métallurgiste et deux maçons. Le typographe se plaignait toujours de n’avoir le temps de rien faire. Depuis trois ...
LE LIVRE
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Des parts de guerre de La leçon, Éditions RBA, Madrid

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