Requiem pour Shanghai

La ville s’efface. Des milliers de tours planent désormais sur Shanghai qui fut jadis l’incarnation mythique de l’exotisme oriental. Les démolitions massives et de gigantesques déplacements de population ont eu raison des vieux quartiers. Restent quelques îlots, que le photographe Greg Girard a saisis avant qu’ils soient engloutis.

Elles se dressent, désespérément rayonnantes, au-dessus de la ville qui n’est plus. Des lances de feu lacèrent le ciel, toujours plus haut, ignorant obstinément ce qui se tient au-dessous. Voilà la Shanghai moderne, hyperbole de la croissance économique frénétique d’une Chine prompte à tous les excès. Ces tours éclatantes, monuments à la gloire d’un nouveau tant vénéré, plongent leurs racines au plus profond de la ville. Leur seule éclosion prodigieuse a mis le tissu urbain en lambeaux. Greg Girard fuit cet éclat pour les ombres qui s’étendent plus bas. Depuis 2001, ce photographe canadien s’intéresse à l’incroyable ruée vers la modernité de la ville. Phantom Shanghai, son nouveau livre, révèle clairement ses priorités : des quartiers entiers rasés, des centaines de milliers d’habitants déplacés, des siècles d’histoire gommés, tout effacé en quelques instants.

L’Amérique du XXe siècle pour modèle

Une rangée de maisons de deux étages à l’abandon, vestige d’une autre époque, se blottit au milieu d’un champ ...
LE LIVRE
LE LIVRE

Shanghai fantôme de William Gibson, Magenta Publishing for Art, 2007

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