Requiem pour Tom Wolfe

Le pape du nouveau journalisme, qui avait su magnifier le réalisme à la Zola, est fatigué. Son dernier livre se vautre dans la facilité stylistique et peine à capter l’âme de Miami comme celle de ses personnages. Au moment même où une nouvelle génération de romanciers s’interroge : la littérature de reportage a-t-elle le moindre sens dans ce monde saturé de réel ?

À l’extrême fin du siècle dernier (si vous acceptez, dans l’intérêt de cette conversation, que le nouveau siècle a succédé à l’ancien le 31 décembre 1999), deux écrivains américains, nés à un an et quelques centaines de kilomètres de distance – tous deux familiers des « unes » de Time Magazine, tous deux connus pour leur prose m’as-tu-vu, leur dévotion au « rêve » américain, leur détestation de l’élitisme de la côte Est et de l’ingratitude de la gauche soixante-huitarde –, ont rédigé des essais spéculatifs sur le regard que l’avenir porterait sur le présent. Écrivant dans le New York Times, John Updike avait pris pour narrateur un professeur d’université spécialiste de l’histoire de l’an 2000, dont les étudiants « avaient peine à croire en de nombreux traits de l’époque », à commencer par la suprématie mondiale dont jouissaient alors les États-Unis. Dans la divagation d’Updike, les États-Unis avaient depuis longtemps été affaiblis par « l’habitude du Congrès de mettre en accusation les présidents élus » ainsi qu’une réticence collective à explorer et envahir. Pour Tom Wolfe, qui ...
LE LIVRE
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Retour au sang de Requiem pour Tom Wolfe, Jonathan Cape

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