Rien de plus qu’une carte postale du Mexique !

Malgré leur réalisme apparent, les narcoromans sont bien trop conventionnels pour réussir à dépeindre un univers essentiellement chaotique, brutal et absurde. Ces ouvrages ne font que réduire le Mexique au cliché du narcotrafic, sur le modèle de la Sicile avec la Mafia.

Comment raconter la réalité ? La littérature mexicaine se pose rarement la question. Indolente, elle grandit dans l’autisme, et tourne le dos au problème. Elle est lourdement réaliste, d’un réalisme accablant d’inconscience. Elle fait comme si littérature et réalité étaient une seule et même chose. Mais le roman peut-il dépeindre la réalité ? Ceux d’entre nous qui se sont sérieusement posé la question, comme le romancier Sergio Pitol, auteur de l’admirable La Vie conjugale [Gallimard, 2007], en nient simplement la possibilité. Ils écrivent au contraire pour démontrer l’impuissance expressive de la parole. Car réalité et littérature sont deux choses distinctes, opposées. La littérature est artifice, simulacre, forme. Aux yeux de tout véritable écrivain, la réalité est un problème, pas un prétexte. Elle doit être inventée, pas dépeinte. Comme raconter le narcotrafic ? Autre question sans réponse. Notre littérature ne répond pas, elle agit. Au lieu de théoriser, elle pond des romans sur le narcotrafic. Beaucoup trop. Elle se fie au nombre : les œuvres seront légion et balaieront les doutes. ...
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Balles en argent de Rien de plus qu’une carte postale du Mexique !, Tusquets editores

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