Rubempré, héros de notre temps

La nouvelle traduction allemande des Illusions perdues est une décision courageuse, car la lecture de Balzac est complètement passée de mode outre-Rhin. L’œuvre est pourtant d’une actualité sidérante.

Où qu’on se tournât l’automne dernier, on ne tardait pas à tomber sur Balzac. Il est le témoin principal dans le très débattu Capital au XXIe siècle de Thomas Piketty. Aucun auteur n’est davantage cité par ce livre d’analyse de notre époque et de la crise que cet Honoré de Balzac, né il y a deux cent seize ans. Toutes les cinquante pages, Piketty rend hommage à la description qu’il fait des « structures profondes du capital » ; et ne cesse de vanter l’empathie dont le romancier a su faire preuve pour rendre compte des inégalités. Il consacre un chapitre entier au discours que, dans Le Père Goriot, Vautrin tient à son protégé Rastignac et où il lui explique les lois de l’ascension sociale. Il est impossible, démontre Vautrin avec force détails, d’obtenir par l’instruction et le travail un revenu comparable à celui que procure l’entrée par alliance dans une grande fortune. Piketty estime que ce sombre discours est resté valable jusqu’à l’entre-deux-guerres et qu’il est en train de retrouver sa pertinence de nos jours. Le nouvel essai ...
LE LIVRE
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Illusions perdues de Honoré de Balzac, Folio Gallimard, 2013 (1837-1843 pour l’édition originale)

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