Publié dans le magazine Books n° 73, février 2016. Par Moritz Rinke.
Une biographie très fouillée de l’ancien chancelier Gerhard Schröder révèle un homme assoiffé de pouvoir, brutal et émouvant, ultramédiatique et secret, à l’histoire familiale complexe.
Cela fait des semaines que je me trimballe cette chose de 1 038 pages, aussi lourde qu’une pastèque – 2,5 kilos – selon la balance de mon épicier turc. C’est le livre le plus lourd que je possède. Même « La vie des animaux » de Brehms est plus légère que
Gerhard Schröder (1). L’auteur de cette somme imposante s’appelle Gregor Schöllgen. Il est professeur d’histoire contemporaine. On lui doit des ouvrages comme « La politique étrangère allemande. Du congrès de Vienne à aujourd’hui » ou « Histoire de la politique mondiale d’Hitler à Gorbatchev » (qui ne fait que 573 pages) et une biographie de Willy Brandt qui a fait date, mais trois fois moins épaisse que celle de Gerhard Schröder (2).
Avant de commencer ses recherches, Schöllgen avait posé trois conditions à l’ancien chancelier : avoir accès à tous ses papiers, tous ses agendas, tous les témoins, tous les dossiers de la Stasi, tous ceux de la chancellerie ; il a en outre fait éplucher tous les relevés téléphoniques, les brouillons de discours, les rapports sténographiques du Landtag comme du Bundestag, toutes les notes des secrétariats, la correspondance, les coupures ...