Du stylet au clavier

On oublie souvent que Prométhée (celui qui pense devant) était affligé d’un frère, Épiméthée (celui qui pense derrière, le « rétro », le crétin). Au premier l’on doit le feu et tout ce qui s’est ensuivi, de la métallurgie au barbecue ; au second, la funeste boîte à malheurs de Pandore. C’est sûr, l’antithèse regret/progrès a encore de beaux jours devant elle car, dans sa marche inexorable, le progrès multiplie les victimes collatérales. Par exemple, l’écriture manuelle – dont Internet et le culte du « tout écran » feraient inéluctablement une « pratique culturelle condamnée », comme le décrète l’historienne des médias Sonja Neef (1). Dramatique ? Pas forcément, sauf pour les graphologues. L’écriture manuelle a déjà survécu à bien des révolutions depuis cinq mille ans. Les « clous » imprimés dans l’argile ont fait place aux lettres et symboles dessinés ; puis, on a inventé en Occident l’écriture de la main droite et la ligne horizontale (alors qu’en Mésopotamie c’est la tablette que l’on faisait tourner autour du stylet) ; et aussi les voyelles, ...

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