Plaidoyer pour un marché du rein

Nul ne veut d’une société où tout est à vendre. Mais quand des milliers de personnes meurent dans l’attente d’un rein, il est criminel de préférer les principes abstraits à la solution concrète qu’offre l’échange marchand.

« Pour décider si l’on doit ou non autoriser la vente de reins, écrit Michael Sandel, il nous faut entreprendre une enquête morale. » Tout à fait d’accord. Voici le résultat de mes investigations.

Chaque jour, selon la Fondation nationale du rein, dix-huit personnes en attente de transplantation meurent aux États-Unis. Le département de la Santé nous informe que 92 000 patients sont sur la liste d’attente (contre 66 000 il y a six ans), mais que 16 912 greffes seulement ont été pratiquées en 2011. Ce calcul macabre explique en partie pourquoi plus de 380 000 Américains sont en dialyse (selon l’Institut national de la santé), une procédure extrêmement onéreuse et physiquement éprouvante destinée à retarder la mort. Prélever des reins sur des cadavres ne peut suffire à combler de manière significative le déséquilibre entre l’offre et la demande. Comme l’a écrit en 2009 l’essayiste Virginia Postrel, qui a elle-même donné un rein : &...

LE LIVRE
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Ce que l’argent ne saurait acheter de Michael Sandel, Le Seuil, 2014

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