Publié dans le magazine Books n° 21, avril 2011. Par Daniel Gunn.
Après deux ans de douleurs multiples dans le bassin, un romancier confronté à l’échec de ses médecins découvre le caractère psychosomatique de sa maladie. D’abord sceptique, il raconte cette prise de conscience dans un récit d’une rare sensibilité.
En juin 2006, je fus invité à présenter Tim Parks lors d’un festival littéraire à Paris. Je fis de mon mieux pour louer ses mérites sans tomber dans la flagornerie, mettre son œuvre en perspective sans la mettre en case. J’eus pourtant l’impression, en prononçant ce petit laïus, de faire atrocement souffrir l’auteur que j’entendais honorer. N’ayant pas eu l’occasion de lui parler depuis, j’ai continué de penser que mes remarques étaient sans doute particulièrement déplacées. Les premières pages du nouveau récit de Tim Parks,
Teach Us To Sit Still, suggèrent une autre explication. En 2005, explique l’écrivain, il ressentait dans le bassin des douleurs tellement insoutenables que rester assis plus d’une minute relevait de la torture : « À ce stade, le répertoire de mes souffrances était vaste : une tension générale consumant mon abdomen, un élancement aigu dans le périnée, une sorte de choc électrique fusant dans l’intérieur de la cuisse, une douleur lancinante au bas du dos, une douleur vive et soudaine dans le pénis lui-même. » Mais le plus exaspérant de ...