Le succès n’est pas une maladie
Publié le 20 mars 2017. Par Amandine Meunier.
Cinquante nuances de Grey qui remplit les salles et les rayons des librairies, publié par une toute petite maison d’édition australienne et d’auteur inconnu, ne semblait pas destiné à un tel succès. Mais ce n’est pas une raison pour dire que son succès est viral, souligne le journaliste Derek Thompson, auteur de Hit Makers. L’analogie avec la maladie ne fonctionne pas pour les produits culturels. Le bouche à oreille n’a pas un tel pouvoir même à l’heure d’internet.
Thompson décrit d’ailleurs une enquête menée en 2012 suivant le parcours de millions de messages publiés sur Twitter. 90% d’entre eux ne suscitaient aucune interaction et 95 % des clics provenaient de la source originale ou d’un internaute avec un seul degré de séparation avec l’auteur. Les circuits de distribution traditionnels restent encore les plus efficaces. Derrière un succès, il y a toujours un diffuseur à l’ancienne avec un ou deux influenceurs dotés d’audiences qui se comptent déjà en millions, ou un réseau caché avec un public important que les spécialistes du marketing n’ont pas encore repéré, comme les communautés de lecteurs de « fanfiction » à l’origine du succès de Cinquante nuances de Grey.