Les super-riches aiment, aussi, leur pays
Le monde serait dirigé par une caste de super-riches pour qui les frontières ne signifierait plus rien, une classe « hors-sol », entend-on parfois, et qui serait largement homogène. Cette idée fort répandue est un mythe. Le sociologue Michael Hartmann a enquêté vingt ans sur les plus grosses entreprises du monde, il a ausculté les biographies des personnes les plus riches. Il en tire quelques faits, réunis dans « L’élite économique mondialisée. Une légende », qui vont à l’encontre de bien des idées reçues. Par exemple : 90 % des super-riches vivent encore dans leur pays d’origine.
Et ce groupe est loin, très loin, de partager un même mode de vie. Les milliardaires français, par exemple, aiment écrire, les Britanniques jardinent. Quant aux Allemands, longtemps il a été de bon goût parmi eux de savoir jouer d’un instrument de musique… La conclusion d’Hartmann, comme il l’explique dans un entretien à Die Zeit, ce n’est pas que le monde est moins injuste qu’on ne le croyait. C’est que les élites restent organisées au niveau national et qu’on peut donc exiger d’elles des impôts plus élevés sans risquer de les voir partir à l’étranger. Cette menace n’est que du bluff.