La survie du plus beau
Dans la nature, les mâles aiment se faire beaux : le babouin avec son postérieur rouge, le banteng (une sorte de bœuf) avec ses pattes et son derrière blanc, les paons avec leur roue colorée… Selon la plupart des biologistes, ces caractéristiques servent à signaler aux femelles qu’ils ont affaire à des partis de qualité. Dans The Evolution of Beauty, l’ornithologue Richard Prum réfute cette thèse : selon lui, l’esthétique est un atout en soi. Darwin lui-même l’expliquait dans une annexe à sa théorie de l’évolution. Publiée une décennie plus tard, celle-ci a été vite oubliée. Pensez, Darwin y rend les femmes maîtresses de l’évolution !
Confronté à l’impossibilité d’expliquer la persistance d’ornements inutiles chez certaines espèces, il en avait déduit que seule une préférence constante des femelles pour ces belles plumes ou ces fesses rouges pouvait l’expliquer. Les animaux ne choisissent donc pas toujours le meilleur partenaire disponible mais parfois le plus beau. Darwin concevait ce mécanisme d’évolution comme indépendant et parallèle à celui de la sélection naturelle.
Dans son livre, Prum le réhabilite et va plus loin. De la beauté naît parfois l’utilité, comme le note David Dobbs dans The New York Times. « Prum explique de façon plausible et élégante que les plumes, ne sont pas apparues pour permettre le vol, mais d’abord comme une décoration pour les parades sexuelles. »
A lire dans Books : La faille du darwinisme, octobre 2010.