Un monument poétique
Publié dans le magazine Books n° 60, décembre 2014.
De W. S. Merwin, on pourrait dire qu’il est l’un des plus grands poètes américains vivants ; qu’il vit dans une maison construite de ses propres mains dans la forêt tropicale à Hawaii ; qu’il a consacré des pages magnifiques au Quercy, où il possède une maison (L’Appel du causse, Fanlac, 2013) ; et que son dernier recueil paru en anglais (« La lune avant le matin ») explore les thèmes « du souvenir et de l’oubli, du monde naturel et de l’amour du lieu », comme l’écrit Fiona Sampson dans le Guardian. Mais ce ne serait qu’effleurer Merwin, auteur singulier dont la phrase fait poème et le poème est phrase ; lui qui s’interdit toute ponctuation et chez qui le retour à la ligne est une syntaxe à part entière, « n’explore pas tant des sujets qu’il ne leur porte une attention étroite, impossible à distinguer de l’extase ». « Même ...