Un second couteau bien aiguisé

Si le bicentenaire de sa naissance (en août dernier) est passé presque inaperçu en France, les journaux d’outre-Rhin ont, eux, abondamment rendu hommage à Théophile Gautier. Dans le Süddeutsche Zeitung, Thomas Steinfeld note d’ailleurs qu’« on peut mesurer la richesse de la culture littéraire en Allemagne par le fait que l’anniversaire d’un écrivain français relativement peu connu a entraîné la publication de nouvelles traductions de trois de ses œuvres » (de son roman Mademoiselle de Maupin, notamment).

Si le bicentenaire de sa naissance (en août dernier) est passé presque inaperçu en France, les journaux d’outre-Rhin ont, eux, abondamment rendu hommage à Théophile Gautier. Dans le Süddeutsche Zeitung, Thomas Steinfeld note d’ailleurs qu’« on peut mesurer la richesse de la culture littéraire en Allemagne par le fait que l’anniversaire d’un écrivain français relativement peu connu a entraîné la publication de nouvelles traductions de trois de ses œuvres » (de son roman Mademoiselle de Maupin, notamment). Avant d’ajouter que, « en comparaison, les 200 ans de la mort d’Heinrich von Kleist, en novembre dernier, n’ont donné lieu à aucune publication en France »…

Pour Niklas Bender du Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui a sans doute à l’esprit le jeune homme tapageur qui arbora un gilet rouge devenu célèbre lors de la tumultueuse première d’Hernani, Gautier est certes un « écrivain de seconde catégorie » mais, à ce second rang, « il est au premier plan ». Gautier appartenait à un groupe qui se nommait le « Petit Cénacle », en référence au « Cénacle » des Hugo, Nodier, Sainte-Beuve et autres : « Ces jeunes rebelles cultivaient l’extravagance, se laissaient pousser la barbe, organisaient des orgies et ciselaient avec assurance leur propre légende. » Steinfeld, quant à lui, retient surtout en Gautier l’inventeur de « l’art pour l’art », dont il précise qu’il s’agit « moins d’un programme, qui se rattacherait à l’avenir, que d’un  repoussoir à un présent perçu comme banal et haïssable ». « C’est depuis Théophile Gautier, conclut-il, que la “modernité” est un projet réactionnaire. » 

LE LIVRE
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Les Jeunes France, Eugène Renduel

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