Un siècle avant Obama, déjà…

En obtenant 2 000 pauvres voix à la présidentielle de 1904, George Edwin Taylor avait peu de chances de passer à la postérité. Mais, au-delà de sa démarche un peu loufoque, le premier Noir à briguer la Maison-Blanche symbolise un moment décisif de l’histoire des États-Unis : celui où les Afro-Américains, abandonnés des républicains, passent aux démocrates. Un siècle plus tard, la victoire d’Obama sera le fruit de ce basculement.


L’élection présidentielle américaine de 1904 s’est achevée sur la victoire éclatante du candidat républicain Theodore Roosevelt contre son adversaire démocrate Alton Parker. Le premier rassembla 7,6 millions de voix, soit 56 % des suffrages exprimés, contre 5 millions seulement pour Parker. Il n’échappera pas aux as de l’arithmétique que ce décompte passe sous silence environ un million de voix : en 1904, comme aujourd’hui, plusieurs représentants de petites formations se lancent tous les quatre ans dans la course à la Maison-Blanche, à côté des candidats des deux principaux partis. Parmi eux, le socialiste Eugene Debs récolta 400 000 suffrages, entamant la domination républicaine dans les régions industrielles ; et Silas Comfort Swallow, partisan de la prohibition, attira sur son nom les voix de 259 000 Américains convaincus que leurs concitoyens devaient cesser de picoler. Beaucoup plus bas dans le classement venait, avec environ deux mille voix selon l’estimation très généreuse de Bruce L. Mouser, George Edwin Taylor, le candidat du National Negro Liberty Party. Comme l’écrit l’historien, se présenter à l’élection présidentielle en 1904 était, pour un Noir, « idéaliste, au mieux ». Au pire, on peut soupçonner ...
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Pour le travail, la race et la liberté de Un siècle avant Obama, déjà…, University of Winsconsin Press

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