Publié dans le magazine Books n° 6, juin 2009. Par Verna Yu.
Placé numéro deux sur la liste des meilleurs livres chinois de 2008, Stèle funéraire est une enquête approfondie sur la Grande famine de 1958 à 1962. Selon l’auteur, qui vit en Chine continentale, cette tragédie a coûté la vie à trente-six millions de personnes. Or l’événement continue d’être masqué par les autorités chinoises, soucieuses de préserver l’image de Mao, dont l’absurde politique du « Grand Bond en avant », lancée en 1958, fut la cause directe de la famine.
Pour un écrivain d’une telle audace, Yang Jisheng a l’air d’un savant bien tranquille, voire timide. Ce frêle retraité de 68 ans n’en est pas moins devenu ces dernières années une sorte d’épine dans le flanc des autorités chinoises. Après avoir travaillé trente-cinq ans à Xinhua, l’agence de presse officielle, Yang s’est fait un nom en abordant des sujets que les autorités préféreraient voir oubliés.
Son tout dernier livre, paru à Hong Kong, a été salué comme le tableau le plus complet et sérieux qu’un auteur chinois du continent ait jamais consacré à la Grande Famine de 1958 à 1962, provoquée par la politique économique calamiteuse de Mao, le Grand Bond en avant, qui coûta la vie à des dizaines de millions de Chinois. Le titre a plusieurs sens, précise-t-il : « C’est la stèle funéraire de mon père, mort de faim en 1969, celle des trente-six millions de Chinois victimes de la famine, celle du système qui a produit la Grande Famine. » Et d’ajouter : « Il y avait un gros risque politique à écrire ce livre. S’il m’arrive quelque chose à cause de cela, ...