630 000 mots pour un chef-d’œuvre

Les Misérables est de loin le plus grand bienfait que la France ait procuré à Hollywood, à Broadway et aux lecteurs du monde entier, assure un universitaire anglo-américain.


Tout, dans Les Misérables, est superlatif – la quantité de personnages, les liens incongrus et multiformes qui les unissent, le foisonnement des ­intrigues, grandes et petites. Pour rendre compte de ce monu­ment des lettres, roman le plus lu de l’histoire de l’humanité, on peut laisser parler les chiffres : 1 500 pages ; 630 000 mots, puisés dans un vocabulaire de 20 000 termes, aussi riche que ­celui de Shakespeare et 10 fois plus que celui de Racine. Victor Hugo a travaillé 17 ans sur un ­ouvrage dont la seule révision a occupé 4 personnes presque jour et nuit pendant 8 mois, avec d’incessantes rotations d’épreuves entre Guernesey et Bruxelles via Southampton et Ostende (10 jours à chaque fois). La publication du roman, quant à elle, est une série de premières : premier recours en France aux droits de traduction (le copyright international, tout juste ­inventé) ; premier contrat d’édition financé par une banque d’affaires et, sans doute par voie de conséquence, premiers plus gros droits d’auteur de l’histoire littéraire (l’équivalent de 3 millions d’euros pour une exclusivité de seulement 8 ans) ; premier lancement international en simu­ltané dans plusieurs capitales ; première plus grosse commande d’exemplaires de l’...
LE LIVRE
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The Novel of the Century: The Extraordinary Adventure of Les Misérables de David Bellos, Farrar, Straus and Giroux , 2017

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