Que reste-t-il de l’ascenseur social ?


© Mark Kegans/The New York Times/Redux/Rea

En progressant vers l’idéal méritocratique, les sociétés pensaient avoir aboli les hiérarchies sociales. En réalité, celles-ci perdurent. Ici, une réunion de chefs d’entreprise à Minneapolis, en 2015.

La méritocratie promeut l’idée d’attribuer pouvoir et privilèges aux individus en fonction de leur mérite et non de leur milieu social. En inventant ce mot dans les années 1950, le sociologue ­Michael Young exprimait à la fois un espoir et une crainte. L’espoir que les emplois aillent aux plus qualifiés, indépendamment de leur origine ; la crainte qu’une nouvelle classe dirigeante fondée sur les diplômes se referme sur elle-même pour former une nouvelle aristocratie. Ceux qui ont accédé à l’argent et au pouvoir sont en effet incités à utiliser les moyens dont ils disposent pour aider leurs enfants à accéder aux meilleurs diplômes. L’objet de notre dossier est de montrer que cette crainte était largement fondée. Comme le dit un universitaire américain, la méritocratie est devenue « un mécanisme transgénérationnel de transmission dynastique de la ­richesse et des privilèges ». Outre ­diverses analyses de spécialistes, nous reproduisons de nombreux graphiques qui illustrent peu ou prou la réa­lité du phénomène dans tous les pays de ­l’OCDE. L’ascenseur social n’est pas bloqué, mais il marche au ralenti. En France, les fils de cadres supérieurs deviennent cinq fois plus souvent cadres eux-mêmes que les fils d’ouvriers, et les enfants des élites trustent les classes préparatoires aux grandes écoles.   Dans ce dossier :

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