« A Cuba, le fonctionnement social perpétue le système en place »

Un entretien avec le chercheur Vincent Bloch

Comment expliquez-vous que Fidel Castro ait pu rester si longtemps au pouvoir ? Quelles dynamiques sociales ont assuré et continuent d’assurer la survie du régime ?
Jusqu’à la fin des années 1960, Fidel Castro exerçait un pouvoir de subjugation, d’essence charismatique, sur une société fascinée par le messianisme révolutionnaire et la formation d’une nation délivrée de tout clivage. Parallèlement, le départ en exil de l’élite professionnelle créa un appel d’air, de même que le monde nouveau en chantier ouvrit des voies d’accès à des statuts et des prébendes, dans un contexte de forte concurrence entre les groupes sociaux. Dans le même temps, la terreur d’Etat permit de retrancher du corps de la nation un ensemble de « traîtres », notamment grâce à un nouvel arsenal juridique, dont l’application arbitraire engendra un mode de fonctionnement social capable de perpétuer indéfiniment le système en place. La mise hors-la-loi de tous les citoyens, soumis aux pénuries et dans l’impossibilité de respecter à la lettre la légalité socialiste, conjuguée à la circulation des élites (régulièrement accé...

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