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La renaissance de l’anniversaire


Frederick Daniel Hardy - The First Birthday Party

L’anniversaire est né quelque part entre le XIVe et le XVIe siècle. Difficile d’être plus précis, mais une chose est sûre : célébrer le jour de sa naissance n’est pas toujours allé de soi. Pendant de nombreux siècles, l’Occident a occulté cette fête, rappelle le médiéviste Jean-Claude Schmitt dans L’invention de l’anniversaire. Il existait bien, dans l’Antiquité, des rituels religieux et privés pour célébrer le jour de naissance. Mais au Moyen Âge, on n’en trouve plus nulle trace. La religion est passée par là. Pour le catholicisme, l’anniversarum est l’anniversaire de la mort, car c’est le trépas qui signe l’entrée « dans la vraie vie ». « Le jour de sa naissance, l’homme n’a accumulé encore aucun des mérites ou démérites qui décideront du sort de son âme après son trépas ; on peut en déduire que les anniversaires successifs eux-mêmes ne sauraient constituer des étapes intermédiaires dignes d’être prises en compte », explique Schmitt à la lumière des écrits du moine Guibert de Nogent.

En 1317 pourtant, l’italien Albertino Mussato publie un poème intitulé « De savoir s’il faut ou non célébrer l’anniversaire de sa naissance ». C’est le premier écrit faisant part d’une volonté de marquer ce jour. La célébration y est présentée comme une pratique nouvelle. A partir de la fin du Moyen Age s’opère en effet « un grand basculement de la mort au profit de la vie », sous l’influence conjuguée, entre autres, de l’humanisme, de l’astrologie et du protestantisme. La célébration du jour de naissance resurgit, sans dimension religieuse cette fois. Mais « la progression de l’anniversaire, si elle est indéniable à partir du XVIe siècle, s’avère irrégulière et difficile à traquer », précise Schmitt. En France, la fête est épisodiquement attestée au XVIIe siècle dans l’aristocratie. Dans une lettre à sa fille, en 1680, Madame de Sévigné fait mention de bouquets de fleurs et de vers offerts à un vieil abbé le jour de ses 74 ans. Le jeune Louis XIII n’a même pas cette chance. Il ne  semble pouvoir obtenir en ce jour particulier qu’un Te Deum et la possibilité de ne pas faire ses exercices scolaires. Et encore, seulement jusqu’à ses 12 ans.

LE LIVRE
LE LIVRE

L’invention de l’anniversaire de Jean-Claude Schmitt, Arkhe Editions, 2012

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