Au nom de « l’esprit du Japon »

Les journaux intimes écrits par la plupart des intellectuels nippons au cours de la Seconde Guerre mondiale reflètent un nationalisme quasi religieux, souvent imprégné de racisme.

La plupart des intellectuels japonais ont été enthousiasmés par Pearl Harbor et, chez certains d’entre eux, la haine des Américains a atteint des sommets à la fin de la guerre. « Il ne suffira pas de traîner dans les profondeurs de l’enfer un Américain pour chaque Japonais tué, écrit le romancier Yamada Futaro le 10 mars 1945. Nous tuerons trois d’entre eux pour chacun des nôtres. Nous en tuerons sept pour deux, treize pour trois. Nous pourrons survivre à cette guerre si chaque Japonais devient un démon de vengeance. » Yamada en était depuis longtemps convaincu : seule une croyance absolue en Yamato damashii, « l’esprit du Japon », pourrait sauver le pays, écrit Ian Buruma dans la New York Review of Books à propos d’un livre consacré aux journaux de guerre des écrivains japonais. Au lendemain de Pearl Harbor, Yochida Kenichi, éminent professeur de littérature anglaise et française, traducteur de Shakespeare et de Baudelaire, écrivait : « Mais même alors que nous savourons ce succès, que pouvons-nous faire d’autre que raviver notre résolution ? Résolution vitale dont nous devons peser la signification à chaque instant […]. Nous n’avons plus même à craindre les ...
LE LIVRE
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Un si merveilleux pays ne saurait périr de Au nom de « l’esprit du Japon », Columbia University Press

Dans le magazine
BOOKS n°123

DOSSIER

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