Le mont Gourougou, dans le nord du Maroc, est l’avant-dernière étape avant l’Europe. Des centaines de migrants venus de toute l’Afrique subsaharienne y campent en attendant de pouvoir escalader les grillages de l’enclave espagnole de Melilla, toute proche, et, de là, de gagner l’autre rive de la Méditerranée. Dans son dernier roman, Juan Tomás Ávila Laurel (Guinée équatoriale) leur donne la parole. Les voilà donc qui racontent leur histoire, à chaque fois différente et parfois empreinte de fantastique, comme celle de cet homme qui dit avoir été confronté à une petite fille pouvant se transformer en vieille femme. Un autre a vu sa vie détruite parce qu’il a écrit un poème que les autorités de son pays, sans le comprendre, ont jugé obscène. Ávila Laurel montre l’existence misérable faite d’humiliations et de violence de tous ces gens unis par leur couleur de peau mais aussi par leur passion du football. Comme le remarque Kapka Kassabova dans
The Guardian, « on peut avoir le sentiment de lire une dystopie. Tous les éléments sont là : un monde cruel, des obstacles impossibles, l’effondrement ...