Vous avez dit « mmm » ?

Au-delà des mots, comment fonctionne une conversation ? Dans How We Talk, Nick Enfield, linguiste à l’université de Sydney, ausculte tout un panel de langues pour se concentrer sur ce qui, a priori, semble accessoire : tous ces petits sons inarticulés et, surtout, les silences, les blancs dans une conversation. Un Danois reprendra, par exemple, la parole au bout d’une demi-seconde, tandis qu’un Japo­nais ne laissera passer que sept millisecondes. La plupart des Japonais répondront d’ailleurs « oui » ou « non » avant même que la question ait fini d’être posée. « Cela n’est pas de l’impolitesse, bien au contraire, précise The Economist. Répondre rapidement permet de faire progresser la conversation. » C’est ce que les linguistes appellent la fonction phatique du langage. « Nous avons tendance à considérer nos prises de parole comme des monologues, mais l’auditeur est aussi contributeur », écrit Enfield. Les blancs et tous les « hin hin », « OK » et autres « mmm » qu’il émet signalent qu’il est attentif et qu’il prépare la suite de la discussion. Enlever ces rouages de la conversation décontenance le locuteur.
LE LIVRE
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How We Talk: The Inner Workings of Conversation de N. J. Enfield, Basic Books, 2017

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