Bella Ciao : la canzone della libertà

Au musicien et historien Carlo Pestelli, le célèbre chant antifasciste Bella Ciao fait l’impression d’une « pelote de laine » : chaque fil mène à des origines et significations différentes, qu’il s’agit de dénouer. Les paroles trouvent en partie leur origine dans une chanson française du XVe siècle. La mélodie, elle, porte des traces d’influences de cette tradition musicale juive ashkénaze qu’est le Klezmer. Quant à la « belle » de Bella Ciao, elle ferait référence, selon une théorie répandue, aux mondine, ces saisonnières qui s’échinaient dans les rizières au XIXe siècle. Ce que conteste Pestelli. À le lire, la version de la chanson qui fait référence aux ouvrières aurait commencé à circuler après guerre, dans les années 1950. C’est à cette époque, aussi, que la version « guerrière » devint l’hymne officieux des anciens partisans italiens. « Le besoin se faisait sentir d’unifier les différents mouvements de la Résistance – communistes, socialistes, catholiques, monarchistes », explique Il Fatto quotidiano. La chanson, qui n’avait été entonnée durant la guerre que par une poignée de combattants des Abruzzes, d’Émilie-Romagne et des Langhes, s’imposa lors les rassemblements et cérémonies de commémoration. Son caractère relativement « intemporel » et son absence de référence à un parti politique précis expliquent, selon Carlo Pestelli, le succès de Bella Ciao.
LE LIVRE
LE LIVRE

Bella Ciao : la chanson de la liberté de Carlo Pestelli, Add Editore, 2016

SUR LE MÊME THÈME

Périscope Oiseaux de nuit
Périscope Pour un « au-delà du capitalisme »
Périscope Naissance d’un poème

Aussi dans
ce numéro de Books