Bloy le radical

« Il n’est pas facile d’apprécier Bloy », écrit Ulrich ­Greiner dans Die Zeit. Figure de proue du renouveau catholique à l’aube du XXe siècle, Léon Bloy ne s’est pas contenté de s’opposer à la séparation de l’Église et de l’État ; il vomissait les bourgeois, les tièdes, les Anglais et, par-dessus tout, les Allemands.

Infréquentable, alors, Léon Bloy ? Greiner avoue, à la lecture d’une anthologie qui vient de paraître outre-Rhin, avoir éprouvé un « mélange de fascination et de dégoût » : « Se confronter à un univers intellectuel qui heurte ses convictions personnelles [...] est irritant et, de ce fait même, fécond. » Rien ne répugne tant à Bloy que d’être de l’opinion majoritaire, et rien ne lui plaît davantage que de se dérober à ce qu’on attendrait de lui. Pendant l’affaire Dreyfus, par exemple, lui qui déteste Zola ne succombe pas pour autant aux sirènes de l’antisémitisme : il reste fidèle à la vision qu’il ...

LE LIVRE
LE LIVRE

Diesseits von Gut und Böse. (« En deçà du bien et du mal ») de Léon Bloy, Matthes & Seitz, 2020

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