Publié dans le magazine Books n° 31, avril 2012. Par Janusz Rudnicki.
Depuis la sortie de son livre, une femme de ménage est la coqueluche des Allemands. À Varsovie, où la donzelle est plus célèbre qu’un Nobel, un écrivain n’en croit pas ses neurones.
C’est l’histoire d’une femme de ménage qui décide un jour de tenter sa chance auprès d’une maison d’édition allemande. Elle est Polonaise, elle a 32 ans, et voilà onze ans qu’elle travaille dans le pays. La maison d’édition est elle aussi à bout de souffle. La jeune femme a atterri au bon endroit. L’éditeur flaire illico le bénéfice à tirer de son histoire, ses sentiments et observations sur les foyers allemands. Et c’est ainsi qu’ensemble ils conçurent « Sous les lits allemands ». Le succès est immédiat, en faisant le livre polonais le plus vendu en Allemagne. Du jour au lendemain, Justyna Polanska passe des salles de bains aux plateaux de télévision, enchaîne les interviews dans tous les médias. Cette histoire est-elle une mauvaise chose ? Non pas, non pas. Mais ce serait encore mieux s’il n’y avait deux soucis.
Premièrement, ce livre nous cloue pour l’éternité, nous, Polonais, sur une croix faite de tournevis et de marteaux (pour messieurs les ouvriers) avec en arrière-plan un mur carrelé (pour mesdames femmes de ménage). Nous sommes une nation de ...